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La marque qui habille les femmes après un cancer du sein…
REPORTAGE – Dans le Vaucluse, une jeune infirmière conçoit des vêtements pour les femmes qui, comme elle, ont subi après un cancer l’ablation du sein. Elle s’est aperçu que rien de féminin ne leur était proposé et est devenue créatrice de mode.
Angélique vit dans le village de la Bastide des Jourdans dans le Luberon. Cette infirmière nous a reçu dans son petit atelier-bureau où elle crée ses vêtements. La vue est apaisante par la fenêtre baignée de soleil, un amandier, un champs et des moutons.
Il y a 4 ans, on lui a diagnostiqué un cancer du sein, elle était alors âgée de 35 ans. Angélique a subi une mastectomie, une ablation du sein. Mais après la période de soins, une question se pose : soit on fait une reconstruction mammaire, soit on décide de porter une prothèse externe. Elle refuse. « Cela veut dire que si on n’a plus de sein, on n’est plus une femme, » interroge Angélique. « Je me suis dit qu’il fallait absolument faire quelque chose pour que ces femmes puissent accepter et assumer, » affirme-t-elle.
Avec une ablation du sein, le choix des vêtements se fait plus compliqué. Angélique, qui est alors infirmière, se lance dans un défi fou. Elle prend alors des cours de dessins puis rencontre deux personnes qui vont l’aider dans son projet de devenir modiste. Elle trouve des ateliers de confection à Marseille, puis en janvier dernier, Angélique se lance dans le grand bain et sort sa première collection.
« L’idée est quand même de suivre la tendance. (…) J’ai trois gammes de vêtements. J’ai les drapés, tout ce qui est foulard sur l’épaule. Les géométriques, donc des empiècements, avec des formes géométriques qui jouent sur les couleurs. Et des vêtements avec des volants que d’un côté, qui permettent de donner du volume sur le côté du sein absent, dans les deux sens bien sûr, » explique-t-elle.
On peut être féminine, glamour et sexy, même sans ses deux seins
« On peut être féminine, glamour et sexy, même sans ses deux seins. Être une femme ne se résume pas à ça. » Angélique ne s’est pas cantonnée aux vêtements, elle propose aussi des tatouages éphémères pour habiller en quelque sorte le sein disparu. « Je trouve ça très ludique, c’est une belle façon de se réapproprier son corps et pouvoir regarder sa cicatrice sous un autre angle, » affirme-t-elle. C’est un complément qu’elle ne conçoit pas encore elle-même mais qu’elle vend en parallèle.
La jeune modiste a même dans ses cartons la création d’un soutien-gorge asymétrique. De plus, un de ses tee-shirts militants, légèrement provoquant, est devenu emblématique. Un sein est dessiné d’un seul côté et de l’autre, un slogan « less is more » (le moins c’est le plus), moins de sein mais plus féminine.
Angélique connait une vraie réussite, les ventes sur son site décollent. Pari réussi pour Angélique, qui s’était lancée il y a un peu moins d’un an aujourd’hui.